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Le secret du monde
11 février 2009

Sa façon

Quand le téléphone a sonné, j'ai su immédiatement qui m'appelait. C'était devenu presque une habitude. Il me téléphonait presque tous les jours après les cours au collège. « Allô ? - Salut ! Qu'est-ce que tu fais cet aprèm ? Je peux venir chez toi ? - Bah... écoute, j'ai pas tellement envie qu'on se retrouve... - Moi j'en ai envie. - Mais t'es déjà venu hier... - Peu importe, j'en ai envie. - Peut-être un autre jour. - Mais t'es quelque chose de prévu aujourd'hui ? - Bah... non... - Je peux venir alors ? - Mais non ! Tu m'écoute ou pas ? » C'était toujours pareil. Il attaquait. Je défendais. Son obstination était incroyablement dure. Une fois qu'il commençait, il ne s'arrêtait jamais. J'étais assez claire et j'insistais pas mal. N'import quelle personne comprendrait que je n'avais pas envie. Pourtant, il ne renonçait pas. Sans doute n'étais-je pas aussi déterminé que lui, et au bout d'un moment (parfois assez long) je lui cédais. « N'empêche, a dit-il, je viens. - OK... d'accord... mais c'est la dernière fois... » Mon appartement se trouvait au deuxième étage d'un immeuble qui se trouvait juste à côté du collège. En effet, c'était littérairement juste à côté. De la fenêtre de ma chambre, on peut voir la cour du collège. Les matins, quand je me réveillais tard, je partais de chez moi juste près que le carillon du collège (qui annonce le début de cours) commençait à carillonner, et je pouvais y arriver à l'heure. C'était aussi proche. Le défaut, c'était que quand je rentrais chez moi on pouvait me voir des salles de cours. Il est venu, et entré dans ma chambre. J'ai allumé l'ordinateur presque automatiquement. On savait ce que l'on allait faire : karaoké. A l'époque, tout le monde n'avait pas d'ordinateur, et on utilisait encore Windows 95. Mais déjà, il y avait des logiciels consacrés au karaoké, outre des données des chansons faites par les amateurs que l'on pouvait télécharger gratuitement. Avec tout cela, je pouvais trouver presque toutes les chansons japonaises que j'avais envie de chanter. J'ai ouvrit le logiciel. J'ai mit une chanson. Et on a chanté. Ma chambre est devenu une salle de karaoké. Des fois, on chantait tous ensemble. D'autres fois chacun prenais une phrase l'une après l'autre. Peut-être des habitants d'immeuble nous entendaient. Mais on a fait pas du souci. On n'a pas de souci non plus si on chantait bien ou pas. Il n'y avait que le plaisir de chanter. « Si j'arrivait à chanter de hautes notes, je pourrai être professionnelle, s'est-il exclamé. - Ah oui tu coirs ? Mais ça ne fonctionne pas comme ça, ai-je protesté. - Mais tu vois, ce chanteur, il est un génie parce qu'il peut chanter des notes tellement hautes. - C'est vrai qu'il peut en chanter mais c'est pas ça... D'ailleurs je pense pas qu'il soit un génie. - Comment ça ? - Mais c'est comme ça. Pouvoir chanter de hautes notes n'a rien à voir avec le fait... - Mais personne ne peut chanter comme lui. C'est un génie ! » Je n'ai pas pu le convaincre. On chantait tous l'après-midi. On ne se lassait pas. Même si nous étions des personnes assez différentes, et bien que nous ne soyons pas toujours d'accord, on s'entendait bien. Effectivement, on ce qui concernait le choix des chansons, on ne se disputait pas. On aimait plus en moins les mêmes choses. C'était surtout lui qui se tenait à passe le temps avec moi, mais il faut avouer que ce n'était pas tellement désagréable d'être avec lui. Certes, parfois, il se comportait un peu mal fouillant mes tiroirs et les mettait en désordre. Mais à part cela, je m'amusais très bien. D'ailleurs, j'adorais chanter, et lui aussi. Qu'est ce dont on avait encore besoin ? Au bout d'un moment, ma mère a annoncé que le repas serait bientôt prêt. On a compris que notre karaoké était fini. L'annonce de dîner était toujours la sentence de fin. En effet, pour nous, il y avait une règle implicite que quand une mère faisait cette annonce, c'était le temps de rentrer chez soi (sauf, bien entendu, que l'on était invité au dîner.) Pour les collégiens, ce code était absolu. C'était quelque chose que personne ne puisse contester. Même pour lui. Et cette fois-ci, il a commence à préparer de rentrer. « Bon, à demain alors, ai-je dit. - Oui à demain ! - Salut ! - Salut ! » Il est parti. Il faisait noir. Je suis retourné dans ma chambre, arranger les choses qu'il a laissé traîner partout. * C'était quand j'avais 13 ans, en 1996. J'allais au collège qui ce trouvait à Kawasaki, une ville qui était juste à côté de Tokyo, la capitale du Japon. J'étais en première année, et dans la même classe que lui. Je le connaissais depuis deux ans car j'étais aussi dans la même classe à l'école. Depuis le début, il avait déjà des traits assez particuliers. Avant tout, il était toujours très en retard matin. Il était si en retard que notre maître l'appelait « Monsieur le président » car, on disait qu'un président de grande entreprise allais au travaille beaucoup plus en retard que les autres. Ainsi, dans la première année au collège, on a passée beaucoup de temps ensemble. Mais au fur et à mesure, on se voyait moins. Peut-être parce qu'il s'est trouvé de nouveaux amis. Ou peut-être parce que j'ai commence à écouter de différentes musiques. En tout cas, quand j'étais en troisième année, on ne se parlait presque plus. Et après que je suis sorti du collège, j'ai perdu le contacte avec lui. Ce n'était que quand j'étais assez grand j'ai eu quelque nouvelle de lui. A l'âge de 21 ans, il s'était déjà marié deux fois, et aussi avait divorcé deux fois. Apparemment il n'est pas allé à l'université, et je ne suis pas sûr s'il est sorti de lycée. Et deux fois divorcé... ce n'est pas une histoire brillante. Mais cela veut dire aussi qu'au moins, il a réussit à persuader deux femmes de se marier. Quand je pense à cela, je me rappelle son obstination absolue. Alors je me demande : n'était-ce pas par cette même obstination qu'il a convaincu les deux ex-femmes, comme elle m'avait convaincu autrefois ?
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